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La durée de cette séance en matinée fut d'environ 1H30, ce qui est un grand maximum, puisque les assistantes maternelles qui participent à cet atelier ont en charge des tout petits enfants, dont la présence nous est nécessaire, puisque c'est pour eux que nous "travaillons". Ils ne sont pas insensibles à cette préparation, loin de là, percevant leur assistante maternelle sous un autre jour, celle du jeu, du travail manuel et esthétique dans la réalisation du livre sous une forme sur dimensionnée, vocal et sonore, dans la mise en sons.

3 ateliers dans la même salle jeudi dernier: réalisation de la première page du livre sous l'égide de Solène Negrerie, graphiste, travail de la voix avec Mickaël Santos, percussionniste, pour la partie contée sous forme d'onomatopées, et ateliers pour les enfants, heureux de cet instant privilégié, où adultes et enfants se retrouvent dans le plaisir créateur. Les rythmes archaîques sous forme d'onomatopées ont endormi les bébés, rassurés de retrouver quelque chose de bien perçu déjà in utero ( le rythme cardiaque de leur mère), un temps pas si loin (quelques mois auparavant).

Deuxième rendez-vous…deuxième rituel. C’est avec enthousiasme que les enfants entrent d’emblée dans cet univers de création qu’ils reconnaissent. Même si certains, à ce retour de vacances, ont besoin de leur dose de « câlins », d’autres sont ravis de voir les adultes occupés à jouer, chanter, produire des bruits et rythmes, découper des matières brillantes, soyeuses, et du coup vivent leur vie faite aussi de jeux et d’explorations.

Et oui! pour les tout petits, qu’on appelle quelquefois les « bébés lecteurs », ce premier rapport au livre est d’abord un rapport à la voix, au chant, à la prosodie; il lit comme il écoute le son d’une page, il lit les couleurs de l’image, il lit le paysage du livre comme il lit le monde, avec ses yeux, ses mains, sa bouche; il expérimente de tous ses sens, depuis son corps.

A ce deuxième rendez-vous, chacun est présent dans cette trame qui se tisse pour donner vie à l’ « Onomatopées », sous une forme sur dimensionnée, sensorielle, vocale et sonore. C’est ainsi qu’on rencontre un livre comme on rencontre quelqu’un…

Les enfants entrent dans la salle avec plaisir et retrouvent leurs marques; ils ne s'étonnent plus de cette ambiance singulière de bruitages, d' onomatopées et d'activités manuelles à base de matières colorées, soyeuses, brillantes, pour le livre "Onomatopées". Eux aussi s'affairent à leur façon : découverte de livres, de percussions suspendues à des portiques, dessins autour d'une table..
Des questions sont posées par les assistantes maternelles: il ne reste que 2 séances avant une restitution de l'histoire contée avec le livre sur dimensionné, qu'attendons nous d'elles au juste, quel sera leur rôle?
Nous décidons ensemble que ce temps de jeu des adultes, pendant lesquels nous entendons des éclats de rires, ces moments de plaisir partagé, soient restitués tout autant. Il ne sera pas question d'une performance, mais plutôt d'un témoignage de ces instants privilégiés où enfants et adultes sont créatifs et joyeux qui, peut être laisseront des traces dans la mémoire du corps des tout petits.

A bientôt, pour la suite

Dernier atelier avant la restitution. Le rituel autour de la chanson « bonjour » rassemble tout le groupe, et si nous l'oublions, les enfants les plus grands nous la demandent : pas de souci, nous l'intègrerons dans notre programme du 2 décembre.
Solène, avec l'équipe de la maison d' Editions les Doigts Qui Rêvent, arrive ce matin avec le livre surdimensionné, paginé et relié.
Relié, avec un petit passage au milieu pour que l'enfant puisse rejoindre son assistante maternelle, assise derrière la page qu'elle doit mettre en onomatopées, ou bien la quitter pour retourner jouer... Ces allées et venues de l'enfant sont symboliques du lien créé avec l'assistante maternelle: une fois que la sécurité de base est établie, l'enfant joue tranquillement, entre deux repas, entre deux soins, entre deux moments de la vie quotidienne.

 « Je crois qu'on est encore loin d'avoir compris la nécessité de relier. Relier c'est sans doute le grand problème qui peut se poser à l'éducation. » Edgard Morin

Les livres nous relient. «  Relier, c'est un des objets des lectures partagées de livres d'images que nous proposons à des tout-petits et à des familles : relier des gens, relier des pensées, relier des regards, relier des cultures... » Dominique Rateau, chargée de mission à Ecrit, cinéma, littérature, audiovisuel Aquitaine (ECLA)
«  L' Onomatopées » d' Andrée Chedid nous relie dans cette belle aventure, les enfants, les assistantes maternelles, les artistes intervenants, les parents ; il nous relie aussi aux enfants malvoyants, car la traduction en braille s'ajoute aux onomatopées et aux nombreux touchers sensoriels introduits sur chaque page, tous les sens sont associés. L'aventure de ce livre ne s'arrêtera pas là car Elisabeth, assistante maternelle-couturière fabrique de très grandes sacoches sensorielles, pour que ce livre en accordéon , qui s'adresse aux enfants voyants et malvoyants, puisse voyager dans les structures petite enfance, auprès d'un large public.